Les enfants du large
Premier roman de Virginia Tangvald (2024)
@editionsjclattes
216 pages
« Le corail est mort depuis longtemps ; des squelettes blancs et friables, les bras tendus vers le ciel comme s’ils ne savaient pas qu’ils étaient morts. »
Le récit s’ouvre sur des jeux d’enfants à la mer. Le bleu est partout : les crabes, les vagues, le ciel. C’est une scène à la beauté saisissante mais à l’ambiance morbide, annoncée dès les premières phrases. Car, entre deux rires, les enfants découvrent le corps d’une petite fille sans vie, défigurée, gonflée d’eau.
Virginia Tangvald raconte la découverte du cadavre de sa sœur et la survie de son frère suite au naufrage du bateau de son père, tué également pendant le drame. Des années plus tard, elle se lance dans une enquête effrénée pour comprendre ce qui est arrivé cette nuit-là et retrouver son frère qui ne s’en est jamais remis.
Loin d’idéaliser la vie sur l’eau, une vie d’errance sans attache, ni ce père parfois perçu comme un navigateur intrépide et séducteur, l’autrice n’épargne rien de ses parts d’ombre, dévoilant sa violence, ses maltraitances et les circonstances troublantes dans lesquelles ses compagnes sont décédées.
En marchant sur les pas des fantômes de son passé, la narratrice se perd peu à peu, manque d’y laisser sa peau. Au fil des pages, la frontière entre la vie et la mort se brouille et une question émerge : l’histoire familiale est-elle vouée à se répéter ?
Une lecture aux images d’une puissance rarement atteinte et dont on ne ressort pas indemne.
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