Kafka encore et toujours ❤️ Correspondance 1902-1924 Kafka a laissé une correspondance foisonnante, qui étreint parfois de courts récits. Elle s’adresse à son petit cercle d’amis immuable malgré les années: Oskar Pollak son ami de jeunesse, Felix Weltsch le philosophe, Oskar Baum le romancier et compositeur aveugle, Kurt Wolff son éditeur, Ottla sa sœur chérie, Minze la jeune fille tuberculeuse et Max Brod son grand ami qu’il désigne comme son exécuteur testamentaire. Max trahit la volonté de Kafka de brûler ses manuscrits. Il les a également préservés des nazis en les exfiltrant à Tel-Aviv où ils ont sommeillé pendant quarante ans au 20 rue Spinoza. J’ai lu cette correspondance tout près, hors du temps. La présence constante de l’amitié y brille comme un phare dans la nuit. Et, les remerciements quasi quotidiens adressés à Max Brod sont comme une funeste prémonition. Certaines lettres sont expéditives, d’autres interminables et sibyllines. Il écrit des cartes postales à la plage. Cette correspondance devient exigeante lorsque Kafka évoque ses tourments: la santé, les femmes, le Judaisme, Prague et la littérature avec cet encre, ce désir littéraire d’être le plus précis et juste. Kafka est tiraillé par son travail dans les assurances le jour et sa pugnacité à écrire la nuit. Écrire l’apaisait, il voyait dans l’acte d’écrire le centre de sa vie. Son temps est précieux, il confie à son journal «Pour commencer, ne plus écrire de lettres.» Peu prolixe sur son travail littéraire, l’œuvre de Kafka est présente dans ses missives uniquement à travers des analogies, des allusions, son refus de publier, et ses paradoxes. Il convoque l’image d’une profondeure intérieure. Cet abîme accompagne ses doutes. Une leçon inouïe de modestie. Entre 1912 et 1914 il traverse deux phases créatrices des plus prolifiques.Il est alors fiancé à Felice Bauer. Kafka est si vivant sous cet angle plus personnel et spontané, c’est grisant à lire. Il me trouble et me touche tant. Les lettres à Milena m’attendent avec impatience. Ce livre je l’ai trouvé chez un bouquiniste sur les quais et à l’intérieur cette carte postale celée, où kafka pose avec Ottla sa sœur assassinée par les nazi