Une expérience de lecture bouleversante, qui ne laisse rien ni personne indemne.

Samy Manga, La dent de Lumumba : régicide contre la colonie, éditions Météore.

En 2022, à l'aune d'un processus de "pacification" des relations entre la Belgique et le Congo pour "tourner la page" du traumatisme colonial, une dent du leader indépendantiste Patrice Lumumba, arrachée et conservée par son assassin comme un "trophée de chasse" macabre, est restituée à sa famille. A la même période, Philippe II, roi de Belgique, est invité dans l'ancienne colonie pour offrir des "regrets" officiels.

Samy Manga, autoproclamé "président du Congo" et "du Sahara kilométrique", fils "du parlement végétal" et "des empires dissidents", refuse, considérant la démarche hypocrite et insuffisante au vu des profondeurs abyssales des atrocités commises, des "dix millions d'âmes d'élites arrachées au Congo". Il s'adresse directement au "Petit Philippe", le "cher colonisateur", l'enlève lui et sa famille, le menotte, le torture, et trimballe son corps dans tous les lieux de l'histoire coloniale belge, passée et présente. 

Dans une langue profondément incendiaire et irrévérencieuse, une transe verbale baroque qui n'est pas sans rappeler le Césaire du "Cahier d'un retour au pays natal", l'auteur exorcise brutalement les traumatismes coloniaux de ses concitoyens et rappelle au monde occidental, pour citer le titre du magnifique texte de Eve Tuck et K. Wayne Yang, que "la décolonisation n'est pas une métaphore". 

Le livre est accompagné d'une contextualisation minutieuse et bienvenue des sociologues Véronique Clette-Gakuba et David Jamar ainsi que deux textes de Patrice Lumumba : le discours d'indépendance du Congo du 30 juin 1960 et la dernière lettre qu'il a écrite à sa femme.
Une expérience de lecture bouleversante, qui ne laisse rien ni personne indemne. Samy Manga, La dent de Lumumba : régicide contre la colonie, éditions Météore. En 2022, à l'aune d'un processus de "pacification" des relations entre la Belgique et le Congo pour "tourner la page" du traumatisme colonial, une dent du leader indépendantiste Patrice Lumumba, arrachée et conservée par son assassin comme un "trophée de chasse" macabre, est restituée à sa famille. A la même période, Philippe II, roi de Belgique, est invité dans l'ancienne colonie pour offrir des "regrets" officiels. Samy Manga, autoproclamé "président du Congo" et "du Sahara kilométrique", fils "du parlement végétal" et "des empires dissidents", refuse, considérant la démarche hypocrite et insuffisante au vu des profondeurs abyssales des atrocités commises, des "dix millions d'âmes d'élites arrachées au Congo". Il s'adresse directement au "Petit Philippe", le "cher colonisateur", l'enlève lui et sa famille, le menotte, le torture, et trimballe son corps dans tous les lieux de l'histoire coloniale belge, passée et présente. Dans une langue profondément incendiaire et irrévérencieuse, une transe verbale baroque qui n'est pas sans rappeler le Césaire du "Cahier d'un retour au pays natal", l'auteur exorcise brutalement les traumatismes coloniaux de ses concitoyens et rappelle au monde occidental, pour citer le titre du magnifique texte de Eve Tuck et K. Wayne Yang, que "la décolonisation n'est pas une métaphore". Le livre est accompagné d'une contextualisation minutieuse et bienvenue des sociologues Véronique Clette-Gakuba et David Jamar ainsi que deux textes de Patrice Lumumba : le discours d'indépendance du Congo du 30 juin 1960 et la dernière lettre qu'il a écrite à sa femme.
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